Résuméou extrait Tierno, un jeune Peul de 17 ans, est enrôlé malgré lui pour partir en France livrer bataille aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Son histoire est celle des tirailleurs sénégalais recrutés pour renforcer les troupes françaises engagées sur
extesphilo 6 est une base de données de textes philosophiques, qui joue le même rôle qu’un recueil de textes classiques, mais également qu’un manuel de cours, le côté pratique de l’informatique en Pagination. Page suivante Suivant > Académie de Grenoble www.ac-grenoble.fr. Ministère de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse education.gouv.fr. Rectorat de
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Réponsebonjour je ne sais pas si cela peut t'aider mais j'ai pris ce resumer je n'ai jamais lu ce livre, après tu a sûrement un resumer derrière ton livre. Explications A travers l’histoire de Tierno, un jeune homme peulh de dix-sept ans originaire du Fouta-djalon, une région de l’actuelle république de Guinée, Yves Pinguilly retrace le destin de ces 600 000 Africains arrachés à leur famille, leur village, leurs traditions, et propulsés dans l’enfer des combats. Nous sommes en 1915, Tierno fait la fierté de sa famille parce qu’il a le privilège de pouvoir poursuivre ses études à Dakar, mais là , il sera embarqué de force, en compagnie d’Aboubacar, un Soussou qui devient son ami, par un recruteur, à destination du sud de la France où, comme lui, des milliers de jeunes Africains vont apprendre à faire la guerre avant de faire la guerre ». Puis ce sera l’horreur de Verdun, la boue, les tranchées, la peur, la mort des camarades et les hommes qu’il faut tuer pour se sauver soi-même. soirée !!Arlequinet Pétassou sont les compagnons du génie du chanvre, ils maîtrisent le souffle fécondateur qui circule au temps de Carnaval, car le chanvre est « lieur d’âmes », nous le savons depuis les travaux de Claude Gaignebet. ARLEQUIN AUJOURD’HUI. Un mot sur la place du masque dans le théâtre contemporain : Résumé et recueil de citations établis par Bernard MARTIAL, professeur de lettres en CPGE. Entre … changement de page dans l’édition du Livre de poche n°6524. 1ère partie, p. 22 à 142 LE FEU Journal d'une escouade 1916. À LA MÉMOIRE DES CAMARADES TOMBÉS À CÔTÉ DE MOI À CROUŸ ET SUR LA CÔTE 119. H. B. I. LA VISION Des hommes sont installés à la terrasse du premier étage d’un sanatorium donnant sur la Dent du Midi, l’Aiguille Verte et le Mont Blanc. Silence. Les hommes sont repliés sur eux-mêmes, et pensent à leur vie et à leur mort ». Une servante, habillée de blanc, distribue les journaux. C’est chose faite, dit celui qui a déployé le premier son journal, la guerre est déclarée. […] 24 — C’est un crime que commet l’Autriche, dit l’Autrichien. — Il faut que la France soit victorieuse, dit l’Anglais. — J’espère que l’Allemagne sera vaincue, dit l’Allemand. » Le silence est plein de la révélation qui vient d’être apportée La guerre ! » Sur ce paysage, ils croient voir apparaître la guerre. Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent, puis s’immobilisent ; des maisons sont éventrées comme des hommes, et des villes comme des maisons, des villages apparaissent en blancheurs émiettées, comme s’ils étaient tombés du ciel sur la terre, des chargements de morts et des blessés épouvantables changent la forme des plaines. 25 On voit chaque nation dont le bord est rongé de massacres, qui s’arrache sans cesse du cœur de nouveaux soldats pleins de force et pleins de sang ; on suit des yeux ces affluents vivants d’un fleuve de mort. Au Nord, au Sud, à l’Ouest, ce sont des batailles, de tous côtés, dans la distance. On peut se tourner dans un sens ou l’autre de l’étendue il n’y en a pas un seul au bout duquel la guerre ne soit pas. Un des voyants pâles, se soulevant sur son coude, énumère et dénombre les belligérants actuels et futurs trente millions de soldats. Un autre balbutie, les jeux pleins de tueries — Deux armées aux prises, c’est une grande armée qui se suicide. — On n’aurait pas dû, dit la voix profonde et caverneuse du premier de la rangée. Mais un autre dit — C’est la Révolution française qui recommence. — Gare aux trônes ! annonce le murmure d’un autre. Le troisième ajoute — C’est peut-être la guerre suprême. Il y a un silence, puis quelques fronts, encore blanchis par la fade tragédie de la nuit où transpire l’insomnie, se secouent. — Arrêter les guerres ! Est-ce possible ! Arrêter les guerres ! La plaie du monde est inguérissable. » Quelqu’un tousse. Le calme des paysages submerge ces visions et les parleurs rentrent en eux, préoccupés par leurs poumons. Le soir, un orage éclate sur le massif du Mont-Blanc et les hommes regardent les coups de tonnerre éclater sur la montagne. 26 — Arrêter la guerre ! disent-ils. Arrêter les orages ! » Les visions de l’orage se confondent avec le spectacle de la guerre Mais les contemplateurs placés au seuil du monde, lavés des passions des partis, délivrés des notions acquises, des aveuglements, de l’emprise des traditions, éprouvent vaguement la simplicité des choses et les possibilités béantes… Celui qui est au bout de la rangée s’écrie — On voit, en bas, des choses qui rampent. — Oui… c’est comme des choses vivantes. — Des espèces de plantes… — Des espèces d’hommes. Voilà que dans les lueurs sinistres de l’orage, au-dessous des nuages noirs échevelés, étirés et déployés sur la terre comme de mauvais anges, il leur semble voir s’étendre une grande plaine livide. Dans leur vision, des formes sortent de la plaine, qui est faite de boue et d’eau, et se cramponnent à la surface du sol, aveuglées et écrasées de fange, comme des naufragés monstrueux. Et il leur semble que ce sont des soldats. La plaine, qui ruisselle, striée de longs canaux parallèles, creusée de trous d’eau, est immense, et ces naufragés qui cherchent à se déterrer d’elle sont une multitude… Mais les trente millions d’esclaves jetés les uns sur les autres par le crime et l’erreur, dans la guerre de la boue, lèvent leurs faces humaines où germe enfin une volonté. L’avenir est dans les mains des esclaves 27, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l’alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis. » II. DANS LA TERRE Sur le champ de bataille le ciel, la terre et l’eau. La tranchée 28 Des espèces d’ours c’est nous ! Je vois des ombres émerger de ces puits latéraux, et se mouvoir, masses énormes et difformes des espèces d’ours qui pataugent et grognent. C’est nous ». Enterrés au fond d’un champ de bataille depuis plus de quinze mois, depuis cinq cents jours. Présentation des hommes de l’escouade Paradis 29, Volpatte et Firmin 30, Lamuse, Biquet, Tirette, le père Blaise 31, Barque… Blaire se fâcha. Ses sourcils se froncèrent sous son front où s’accumulait la noirceur. — Qu’est-c’ que tu m’embêtes, toi ? Et pis après ? C’est la guerre. Et toi, face d’haricot, tu crois p’t’être que ça n’te change pas la trompette et les manières, la guerre ? Ben, r’garde-toi, bec de singe, peau d’fesse ! Faut-il qu’un homme soye bête pour sortir des choses comme v’là toi ! » 32 … Marthereau, Tirloir, Pépin 33, Tulacque. Regroupement de l’escouade de Bertrand et de la moitié de la section à un coude de la tranchée 34. Notre compagnie occupe en réserve, une parallèle de 2e ligne. La nuit travaux de terrassement, le jour attente. Début de l’aube. Les divers accoutrements des hommes Pépin, Barque, Lamuse, Eudore, Tulacque, les casques 35 Biquet, Cadilhac, les jambes ! Volpatte, Mesnil André, Tirette, Marthereau, Pépin, Barque 36. Histoire des bottes du fantassin allemand prises par Caron à un mitrailleur bavarois abattu près de la route des Pylônes et confiées à Poterloo au moment de son évacuation. Comment chacun s’occupe Mesnil Joseph, blaire, Marthereau, Lamuse, Eudore, Volpatte, Mesnil André 37 Barque. Trois générations de soldats Nos âges ? Nous avons tous les âges. Notre régiment est un régiment de réserve que des renforts successifs ont renouvelé en partie avec de l’active, en partie avec de la territoriale. Dans la demi-section, il y a des des bleus et des demi-poils. Fouillade a quarante ans. Blaire pourrait être le père de Biquet, qui est un duvetier de la classe 13. Le caporal appelle Marthereau grand-père » ou vieux détritus » selon qu’il plaisante ou qu’il parle sérieusement. Mesnil Joseph serait à la caserne s’il n’y avait pas eu la guerre. Cela fait un drôle d’effet quand nous sommes conduits par notre sergent Vigile, un gentil petit garçon qui a un peu de moustache peinte sur la lèvre, et qui, l’autre jour, au cantonnement, sautait à la corde avec des gosses. Dans notre groupe disparate, dans cette famille sans famille, dans ce foyer sans foyer qui nous groupe, il y a, côte à côte, trois générations qui sont là , à vivre, à attendre, à s’immobiliser, comme des statues informes, comme des bornes ». Originaires de toutes les régions Nos races ? Nous sommes toutes les races ». Poterloo, mineur de Calonne, Fouillade, batelier de Cette 38, Cocon de Lyon, Biquet le Breton, André Mesnil le Normand, Lamuse, paysan du Poitou, Barque, le Parisien,, Tirette de Clichy-la-Garenne, Paradis du Morvan. Nos métiers ? Un peu tout dans le tas ». Laboureurs et ouvriers pour la plupart. Lamuse, valet de ferme, Paradis, charretier, Cadilhac a des terres, Père Blaise, métayer dans la Brie, barque, garçon livreur, le Caporal Bertrand, contremaître dans une manufacture de gainerie 39, Tirloir, peintre de voitures, Tirloir, bistrotier à la barrière du Trône, Eudore tient un estaminet près du front, Mesnil André, pharmacien, son frère Mesnil Joseph, vendeur de journaux dans une gare, Cocon, quincailler, Becuwe Adolphe et Poterloo, mineurs. Plus ceux dont on ne se rappelle pas le métier ou que l’on confond Pépin qui n’en a pas. Pas de profession libérale autour de moi. Des instituteurs sont sous-officiers à la compagnie ou infirmiers. Dans le régiment, un frère mariste est sergent au service de santé ; un ténor, cycliste du major ; un avocat, secrétaire du colonel ; un rentier, caporal d’ordinaire à la Compagnie Hors Rang. Ici, rien de tout cela. Nous sommes des soldats combattants, nous autres, et il n’y a presque pas d’intellectuels, d’artistes ou de riches qui, pendant cette guerre 40, auront risqué leurs figures aux créneaux, sinon en passant, ou sous des képis galonnés ». On diffère profondément… mais pourtant on se ressemble diversités d’âges, d’origine, de situation, mêmes silhouettes, mêmes mœurs, mêmes habitudes, même caractère simplifié d’hommes revenus à l’état primitif », même parler, fait d’un mélange d’argots et de patois. Et puis, ici, attachés ensemble par un destin irrémédiable, emportés malgré nous sur le même rang, par l’immense aventure, on est bien forcé, avec les semaines et les nuits, d’aller se ressemblant. L’étroitesse terrible de la vie commune nous serre, nous adapte, nous efface les uns dans les autres. C’est une espèce de contagion fatale. Si bien qu’un soldat apparaît pareil à un autre sans qu’il soit nécessaire, pour voir cette similitude, de les regarder de loin, aux distances où nous ne sommes que des grains de la poussière qui roule dans la plaine ». On attend et on se fatigue d’attendre On attend toujours, dans l’état de guerre. On est devenus des machines à attendre ». On attend la soupe, puis les lettres 41 ; après on attend autre chose. Récriminations pour la soupe. 42-43 Arrivée du ravitaillement. 44-45 Satisfaction et plaisanteries obscènes. 46 Du café et du tabac. Conversations et altercations dispute entre Pépin et Tulacque 47, Lamuse s’interpose 48. Hier, c’était Plaisance qui voulait se battre avec Fumex, me dit Paradis. La journée s’avance. Brouillard et humidité. Cocon explique la situation des tranchées Il y a dans le secteur du régiment quinze lignes de tranchées françaises, les unes abandonnées, envahies par l’herbe et quasi nivelées, les autres entretenues à vif et hérissées d’hommes. Ces parallèles sont réunies par des boyaux innombrables qui tournent et font des crochets comme de vieilles rues. Le réseau est plus compact encore que nous le croyons, nous qui vivons dedans. Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l’armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses tranchées, boyaux, sapes. Et l’armée française a dix armées. Il y a donc, du côté français, environ dix mille kilomètres de 49 tranchées et autant du côté allemand… Et le front français n’est à peu près que la huitième partie du front de la guerre sur la surface du monde ». Conversation entre les hommes C’est vrai, quand on y pense, qu’un soldat — ou même plusieurs soldats — ce n’est rien, c’est moins que rien dans la multitude, et alors on se trouve tout perdu, noyé, comme quelques gouttes de sang qu’on est, parmi ce déluge d’hommes et de choses » dit Barque 50. Il faut empêcher les Boches de passer caporal Bertrand. Fouillade rouspète. Moi, dit Barque, je ne rouspète plus. Au commencement, je rouspétais contre tout le monde, contre ceux de l’arrière, contre les civils, contre l’habitant, contre les embusqués. Oui, j’rouspétais, mais c’était au commencement de la guerre, j’étais jeune. Maint’nant, j’prends mieux les choses ». Prendre les choses comme elles viennent, vivre au jour le jour, faire ce qu’on nous dit de faire Faut vivre au jour le jour, heure par heure même, si tu peux […] Les faces cuites, tannées, incrustées de poussière, opinent, se taisent. Évidemment, c’est là l’idée de ces 51 hommes qui ont, il y a un an et demi, quitté tous les coins du pays pour se masser sur la frontière ». Renoncement à comprendre, et renoncement à être soi-même ; espérance de ne pas mourir et lutte pour vivre le mieux possible. Faire ce qu’on doit et se démerder Chacun pour soi, à la guerre ! » Souvenirs de Barque, Tirloir, Lamuse, Paradis, Blaire, Pépin le bon temps » passé à Soissons ville quasi évacuée pendant plusieurs mois 52. Une époque d’abondance du poulet, du lapin, de l’argent. Au milieu de tout ça, on courait après le feu. le cantonnement de la Martin César, le cuistot qui trouvait toujours de quoi faire du feu un violon, des queues de billard 53, des fauteuils de salon, un vieux meuble. Les chapardages le lieutenant Virvin défonçant la porte d’une cave à coups de hache, Saladin, l’officier de ravitaillement volant deux bouteilles de blanc. Le cuistot est mort d’une crise cardiaque, on l’a enterré 54. Les soldats essaient de se débrouiller pour éviter les corvées sauf quand les copains sont en danger ex. de Lamuse, virtuose du tirage au flanc qui a sauvé la vie à des blessés en allant les chercher dans la fusillade. Presque tous les gars de l’escouade ont quelque haut fait militaire à leur actif et, successivement, les croix de guerre se sont alignées sur leurs poitrines ». Aux attaques de mai, Biquet a attrapé quatre Allemands. il y a deux mois, Tulacque en a tué neuf. Tulacque 55, Tirloir, Eudore n’ont rien contre les simples soldats allemands mais ils en veulent aux officiers. En tous cas, on n’est pas fixé pour les hommes, reprend Tirloir, mais les officiers allemands, non, non, non pas des hommes, des monstres. Mon vieux, c’est vraiment une sale vermine spéciale. Tu peux dire que c’est les microbes de la guerre. Il faut les avoir vus de près, ces affreux grands raides, maigres comme des clous, et qui ont tout de même des têtes de veaux ». Tirloir se souvient d’un colonel prussien aristocrate qui le méprisait. Il lui a donné un coup de pied au cul. Blaire 56 et Pépin évoquent les allemands qu’ils n’hésiteront à tuer et tous leurs objets qu’ils pourront revendre couvercles d’argent, pistolets, jumelles, casques. Pépin compte bien avoir les frusques d’un galonné de Guillaume. — T’en fais pas j’saurai bien goupiller ça avant que la guerre finisse. — Tu crois à la finition de la guerre, toi ? demande l’un. — T’en fais pas, répond l’autre ». Arrivée d’un groupe deux officiers d’état-major avec des civils. Des touristes des tranchées 57. Le capitaine leur montre une banquette de tir. Deux hommes s’approchent de nous Ah ! ah ! fait le premier monsieur, voilà des poilus… Ce sont de vrais poilus, en effet » 58. Les hommes nous regardent en train de boire notre café comme des animaux au zoo. — C’est bon, mes amis ? […] — C’est très bien, c’est très bien, mes amis. Vous êtes des braves ! ». Nous réalisons en entendant un officier que ces hommes étaient des journalistes ; Barque se moque de la propagande et des mensonges des journalistes Le kronprinz est fou, après avoir été tué au commencement de la campagne, et, en attendant, il a toutes les maladies qu’on veut. Guillaume va mourir ce soir et remourir demain. Les Allemands n’ont plus de munitions, becquètent du bois ; ils ne peuvent plus tenir, d’après les calculs les plus autorisés, que 59 jusqu’à la fin de la semaine. On les aura quand on voudra, l’arme à la bretelle. Si on attend quèq’jours encore, c’est que nous n’avons pas envie d’quitter l’existence des tranchées ; on y est si bien, avec l’eau, le gaz, les douches à tous les étages. Le seul inconvénient, c’est qu’il y fait un peu trop chaud l’hiver… Quant aux Autrichiens, y a longtemps qu’euss i’ s n’tiennent plus i’ font semblant… » V’là quinze mois que c’est comme ça et que l’directeur dit à ses scribes Eh ! les poteaux, j’tez-en un coup, tâchez moyen de m’décrotter ça en cinq sec et de l’délayer sur la longueur de ces quatre sacrées feuilles blanches qu’on a à salir. » Le caporal fait remarquer aux hommes qu’ils sont les premiers à vouloir lire les journaux. L’attention se disperse. Une partie de manille. Cocon et Tirette évoquent leurs souvenirs de caserne sujet de conversation inépuisable 60. Les anecdotes des ex-troupiers défi à un gradé. Arrivée du vaguemestre militaire chargé du service postal. De mauvaise humeur. Il distribue le courrier 61 et transmet les ordres du général commandant l’armée défense de porter des capuchons, ordre de tailler les barbes. D’autres nouvelles aussi incertaines que fantaisistes la division serait relevée pour aller soit au repos soit au Maroc ou en Egypte 62. On veut savoir d’où viennent ces informations. Le bon sens reprend le dessus et chasse le rêve. Les lettres reçues et celles qu’il faut écrire Tirloir et Eudore. Barque est inspiré 63, Lamuse beaucoup moins, Eudore est ému. Le moment des lettres est celui où l’on est le plus et le mieux ce que l’on fut. Plusieurs hommes s’abandonnent au passé […]. Sous l’écorce des formes grossières et obscurcies, d’autres cœurs laissent murmurer tout haut un souvenir » Le père Blaire fabrique une bague pour sa 64 femme. Dans ces trous dénudés de la terre, ces hommes […] ont l’air encore plus sauvages, plus primitifs, et plus humains, que sous tout autre aspect » Un adjudant passe avec une compagnie de territoriaux chargés dans le secteur des travaux de terrassement de seconde ligne et de l’entretien des boyaux d’arrière. Des petits vieux mal fagotés ou de gros poussifs avec leurs outils 65. Tirette et Barque se moquent d’eux ; ils prennent à partie deux hommes ce qui fait rire les autres. Il n’en faut pas davantage pour exciter encore les 66 deux compères que le désir de placer un mot jugé drôle par un public peu difficile incite à tourner en dérision les ridicules de ces vieux frères d’armes qui peinent nuit et jour, au bord de la grande guerre, pour préparer et réparer les champs de bataille. Et même les autres spectateurs s’y mettent aussi. Misérables, ils raillent plus misérables qu’eux. » Les soldats continuent leurs railleries. Le défilé des vétérans se termine au milieu des sarcasmes. 67 Crépuscule. Défilé d’une troupe de tabors soldats marocains avec un tirailleur sénégalais. Ceux-là , on ne s’en moque pas. Leur passage est l’indice d’une attaque prochaine. Ce sont des soldats courageux. 68 — Au fond, ce sont de vrais soldats. — Nous ne sommes pas des soldats, nous, nous sommes des hommes, dit le gros Lamuse. L’heure s’est assombrie et pourtant cette parole juste et claire met comme une lueur sur ceux qui sont ici, à attendre, depuis ce matin, et depuis des mois. Ils sont des hommes, des bonshommes quelconques arrachés brusquement à la vie. Comme des hommes quelconques pris dans la masse, ils sont ignorants, peu emballés, à vue bornée, pleins d’un gros bon sens, qui, parfois, déraille ; enclins à se laisser conduire et à faire ce qu’on leur dit de faire, résistants à la peine, capables de souffrir longtemps. Ce sont de simples hommes qu’on a simplifiés encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s’accentuent instinct de la conservation, égoïsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir ». La nuit tombe. Ordre de rassemblement de la deuxième demi-section devant le dépôt d’outils 69. Chacun prend une pelle et une pioche. Coups de tonnerre dans le ciel. DESCENTE Arrivée du 6e Bataillon à la fin de la nuit dans un champ près du bois des Alleux 70. Nous attendons le reste du 5e Bataillon qui était en première ligne. La relève qui a commencé hier à six heures et a duré toute la nuit est finie. La 18e Compagnie a eu dix-huit tués et une cinquantaine de blessés à cause des bombardements. Arrivées de la 17e, de la 18e et de la 20e. Le capitaine de la 18e compagnie passe avec sa canne 71. Je vais au devant de la 18e. Des hommes qui reviennent de l’enfer. Vacarme épouvantable. La 2e section avec son sous-lieutenant. Des onze hommes de l’escouade du caporal Marchal, il n’en reste plus que trois. Marchal m’apprend la mort de Barbier 72 samedi à 23h, de Besse un obus lui a traversé le ventre et l’estomac, de Barthélémy et Baubex atteints à la tête et au cou, de Godefroy le milieu du corps emporté, Gougnard jambes hachées, Mondain dimanche matin, poitrine défoncée par l’écroulement de la guitoune, Franco colonne vertébrale cassée par cet écroulement, Vigile idem, tête aplatie 73. Marchal est accaparé par ses camarades. Un rescapé Vanderborn, le tambour. Les soldats sont gais, heureux de s’en être sortis. Ils sont soulagés pour six semaines. Les soldats de la guerre ont, pour les grandes et les petites choses, une philosophie d’enfant ils ne regardent jamais loin ni autour d’eux, ni devant eux. Ils pensent à peu près au jour le jour. Aujourd’hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps. C’est pourquoi, malgré la fatigue qui les écrase, et la boucherie toute fraîche dont ils sont éclaboussés encore, et leurs frères arrachés tout autour de chacun d’eux, malgré tout, malgré eux, ils sont dans la fête de survivre, ils jouissent de la gloire infinie d’être debout ». 74 IV. VOLPATTE ET FOUILLADE Le sergent et le capitaine sont en colère. Volpatte et Fouillade ont été réquisitionnés et emmenés en première ligne par le 5e Bataillon. Le caporal Bertrand me demande d’aller les chercher avec Farfadet. On fait le chemin à l’envers en remontant la côte. Farfadet a du mal à suivre. En sortant du bois, on les retrouve 75. Volpatte n’entend rien, il a des bandages autour de la tête. Fouillade explique qu’ils reviennent du lieu où le 5e Bataillon les a mis jeudi et… les a oubliés. Ils sont restés quatre jours et quatre nuits dans un trou d’obus puant et sous les balles 76. On leur avait dit de se tenir là et de tirer. Le lendemain, ils ont eu la visite d’un type de liaison du 5e qui s’est enfui. Ils ont tenu avec une boule de son, un seau de vin et une caisse de cartouches. Farfadet donne à boire à Volpatte qui grelotte. Ils ont fait prisonniers deux allemands qui sont tombés dans leur trou et les ont attachés. Oubliés par le type de liaison, par le 6e et par le 18e 77, ils ont été retrouvés par ceux du 204 à qui ils ont remis les Boches. Au passage, ils ont même sorti le sergent Sacerdote de son trou. Volpatte a été blessé aux oreilles par l’explosion d’un obus. Retour. Farfadet et moi, nous portons le barda de Volpatte. Il se réjouit car avec sa blessure, il va être évacué 78. Dix heures sonnent au village. Volpatte imagine déjà son évacuation comme ce qui est arrivé à Jules Crapelet. Il montre la photo de sa femme et de ses deux garçons. Il dit que ses oreilles repousseront pendant sa convalescence et que d’ici là la guerre sera peut-être finie J’irai en convalo, dit Volpatte, et pendant qu’mes oreilles se recolleront, la femme et les p’tits me regarderont 79, et je les regarderai. Et pendant c’temps-là qu’elles r’pouss’ront comme des salades, mes amis, la guerre, elle s’avancera… Les Russes… On n’sait pas, quoi !… ». Fouillade en est presque jaloux et Farfadet comprend maintenant ce que veut dire une bonne blessure » la seule chose qu’un pauvre soldat puisse espérer qui ne soit pas fou ». On approche du village ; on contourne le bois. On voit une femme blonde. Fouillade nous apprend qu’elle s’appelle Eudoxie, qu’elle est réfugiée et qu’elle est à Gamblin dans une famille 80. Lamuse s’intéresse à elle. Il apparaît. Il veut porter les affaires de Volpatte et de Fouillade. En fait 81, il cherche Eudoxie. Elle réapparaît et je comprends que c’est à Farfadet que la bohémienne s’intéresse. Lamuse n’a rien vu mais le plus blessé n’est peut-être pas celui qu’on pense. On redescend au village 82 et les camarades se rassemblent sur la place de l’église V. L’ASILE Marche du régiment en quête d’un nouveau gîte sur la route qui monte au milieu du bois. Cohue endiguée par les talus et vacarme nocturne. On n’y voit rien 83. Spectacle de l’aube après plusieurs haltes. On sort de cette nuit de marche. Le nouveau cantonnement Gauchin-l’Abbé. D’après la rumeur, il y a tout ici Brigade, Conseil de Guerre 84, une espèce de terre promise. Après vingt-huit kilomètres dans la nuit, on arrive près des maisons au petit jour mais on ne s’arrête pas. Brouillard et froid. Le soleil perce enfin 85 et devient ardent. Bientôt il fait chaud dans ce pays de craie. Long nuage de calcaire et de poussière, les pieds semblent barboter dans des auges de maçons. On s’écarte pour laisser passer un convoi de camions qui soulève un nuage de poussière qui nous recouvre 86. On ressemble à des statues de plâtre. On se remet en route. Arrivée au cantonnement sur le coup de midi. Le régiment envahit la seule rue de Gauchin-l’Abbé. Les hommes s’engouffrent dans les bâtiments. Nous allons jusqu’au bout du village puis revenons à l’entrée 87. Fatigue et impatience au sein de l’escouade où chacun est pressé de trouver un coin à louer chez l’habitant. Ce sera difficile trois compagnies arrivent après la nôtre, quatre sont arrivées avant et il y a beaucoup de gens plus puissants que les simples soldats. La grange dévolue à l’escouade. On déchante mais il faut se dépêcher de trouver la meilleure place 88. L’escouade se scinde en deux patrouilles qui partent dans la rue. J’ai l’impression d’une sorte de combat désespéré entre tous les soldats, dans les rues du village qu’on vient d’occuper. — Pour nous, dit Marthereau, la guerre, c’est toujours la lutte et la bataille, toujours, toujours ! » Partout des refus de la part des habitants. Les trois rues du village noires de monde. La foule 89. J’aperçois Eudoxie dans une ruelle. Je ne dis rien à Lamuse qui ne l’a pas vue. Pour le moment, il faut trouver un coin. Barque nous entraîne vers une porte jaune. Devant, on rencontre Blaire 90 qui attend la voiture-dentiste. Négociations avec les habitants pour s’installer. Un local très sombre en terre battue, encombré de linge sale 91. Une vieille porte sur deux tonneaux fera office de table. On sera une douzaine. La femme a peur qu’on lui vole sa planche. 92 — Mais nous, on n’est pas des voleurs, insinue Lamuse, avec modération pour ne pas irriter la créature qui dispose de notre bien-être. — J’dis pas, mais vous savez, les soldats, i’s abîment tout. Ah quelle misère que c’te guerre ! » Vingt sous par jour. On essaie de protester. La femme prévient qu’elle peut trouver d’autres clients. On voudrait acheter du vin. La femme dit qu’elle n’en vend pas. — Vous comprenez, l’autorité militaire force ceux qui tiennent du vin à le vendre quinze sous. Quinze sous ! Quelle misère que c’te maudite guerre ! On y perd, à quinze sous, monsieur. Alors, j’n’en vends pas d’vin. J’ai bien du vin pour nous. J’dis pas que quéqu’fois, pour obliger, j’en cède pas à des gens qu’on connaît, des gens qui comprennent les choses, mais vous pensez bien, messieurs, pas pour quinze sous ». Elle accepte finalement de vendre un litre de vin à Lamuse pour vingt-deux sous 93. Elle nous conduit dans le cellier où il y a trois gros tonneaux. Barque ronchonne. La mégère devient agressive — Vous ne voudrez pas qu’on se ruine à cette misère de guerre ! C’est assez de tout l’argent qu’on perd à ci et à ça. Barque s’accroche avec elle. On s’interpose. Le mari appelle sa femme Palmyre qui s’en va. Colère de Barque et de Marthereau contre les hôtes 94 et contre Lamuse. — J’sais bien que c’est partout et toujours la même histoire, mais c’est égal… — I’s’ démerde l’habitant, ah ! oui ! I’ faut bien qu’i’ y en ait qui fassent fortune. Tout le monde ne peut pas s’faîre tuer. — Ah ! les braves populations de l’Est ! — Ben, et les braves populations du Nord ! — … Qui nous accueillent les bras ouverts !… — La main ouverte, oui… — J’te dis, répète Marthereau, que c’est un’ honte et une dégueulasserie ». On annonce la nouvelle au cantonnement. Courses pour le déjeuner. Barque a réussi à se faire donner les pommes de terre et la viande constituant la portion des quinze hommes de l’escouade. Il a aussi acheté du saindoux et des petits pois en conserve. La boîte de veau à la gelée de Mesnil André servira de hors d’œuvre. 95. La cuisine. Une marmite de plus sur la cuisinière de fonte. La femme se plaint. Les autres arrivent. Crépuscule de cave. Farfadet se frotte contre le mur et se salit. Puis il fait tomber sa cuiller qu’il retrouve charbonneuse 96. Repas abondant. Lueur par le soupirail. Biquet raconte ses tribulations avec une blanchisseuse, Tulacque parle de la queue devant l’épicerie et du rapport qui prévoit des sanctions sévères en cas de déprédations chez l’habitant. Volpatte va être évacué et Pépère va aller à l’arrière avec les hommes de la classe 93. Leur hôtesse a des soldats à sa table les infirmiers des mitrailleurs. Pépin parle d’une vieille qui reçoit gratuitement les gars de la 9e parce que son vieux, qui est mort il y a cinquante ans, était voltigeur 97. Palmyre apporte le café. Pourquoi que vous appelez l’adjudant le juteux ? […] Toujours ça a été ». Dix sous le café. Visite de Charlot, un garçon de la maison de la côté. Il raconte que ses parents ont aussi des soldats et qu’ils leur vendent tout ce qu’ils veulent. — Dis donc, petit, viens un peu ici, dit Cocon, en prenant le bambin entre ses genoux. Écoute bien. Ton papa i’ dit, n’est-ce pas Pourvu que la guerre continue ! » hé ? — Pour sûr, dit l’enfant en hochant la tête, parce qu’on devient riche. Il a dit qu’à la fin d’mai on aura gagné cinquante mille francs. — Cinquante mille francs ! C’est pas vrai ! — Si, si ! trépigne l’enfant. Il a dit ça avec maman. Papa voudrait qu’ça soit toujours comme ça. Maman, des fois, elle ne sait pas, parce que mon frère Adolphe est au front. Mais on va le faire mettre à l’arrière et, comme ça, la guerre pourra continuer ». Bruit de querelles le mari reproche à sa femme de ne pas savoir y faire 98. On sort de notre souterrain. Les mouches. Dans le bric-à -brac de la maison, un vieux monsieur. Il se prétend le beau-père de quelqu’un qui est ici. Palmyre le laisse faire en passant le balai sans rien dire 99. Des commères parlent de la façon de doser le Picon. Les bestioles se multiplient à cause de la chaleur. Je vais flâner avec Lamuse l’après-midi. Corvisart voudrait bien venir avec nous mais il est de corvée de colombins. Des cris Barque en proie à une ménagerie de ménagères. La scène est observée par une fillette 100. Six hommes, conduits par un caporal-fourrier, portent des capotes neuves et des chaussures. Lamuse voudrait de nouvelles chaussures. Un aéroplane ronfle. Lamuse ne croit pas au progrès — Ces machines-là , jamais ça ne deviendra pratique, jamais. — Comment peux-tu dire ça ! On a fait tellement de progrès, si vite… — Oui, mais on s’arrêtera là . On ne fera jamais mieux, jamais ». Il préfère me parler d’Eudoxie. Elle est là . Je fais semblant de ne pas m’en être aperçu 101. Mon vieux, veux-tu que je te dise ? Elle est venue pour moi ». Il veut épouser cette Eudoxie Dumail, cette paysanne plus belle qu’une Parisienne. Il a du mal à exprimer ses sentiments 102. C’est parti pour le commerce local avec les soldats. Cortège d’un enterrement militaire. Nous avons dépassé les dernières maisons. Au bout de la rue, le train régimentaire et le train de combats se sont installés avec leur matériel, les chevaux, la forge. Au bord du camp, la fameuse voiture stomatologique que cherchait Blaire 103. Il est là et interpelle Sambremeuse, l’infirmier, qui revient de ses courses. Suite de la promenade dans un sentier. Puis, nous nous trouvons face-à -face avec Eudoxie 104. Déclaration d’amour de Lamuse à Eudoxie qui le repousse. Il veut l’embrasser. Elle suffoque. Je m’interpose. Elle s’en va. J’entraîne le pauvre Lamuse 105. Les hommes du corps de garde Bigornot, Cornet, Canard, La Mollette parlent d’un marchand de vin, de Pépère, des femmes. Les autres regardent des avions ennemis. 106 On rentre. Carassus et Cheyssier annonce le départ de Pépère à l’arrière. Des bandes de poilus en conversations dans le village. Cohue autour d’un marchand de journaux. Fouillade, Paradis. Biquet nous parle de sa tenue qu’il va devoir nettoyer. Montreuil a une lettre pour lui c’est sa mère qui s’inquiète pour lui. Au centre du village 107, l’affluence augmente. On salue le commandant, et l’aumônier noir. On est interpellés par Pigeon, Guenon, le jeune Escutenaire, le chasseur Clodore. Bizouarne, Chanrion, Roquette parlent du départ de Pépère. Biquet de la lettre de sa mère. Elle date de dix jours. On rejoint notre asile. On est bien maintenant ». Biquet écrit à sa mère 108. VI. HABITUDES Poule noire, deux poussins, un vieux coq dans la basse-cour. Commentaires de Paradis et de Volpatte. On est bien, dit Barque » 109. Les petits canards. Au-delà de cette cour de ferme, un verger, une prairie, des abeilles, un pré, une pie. Les soldats s’étirent sur un banc de pierre. Voilà dix-sept jours qu’on est là . Des poilus se promènent. Tellurure 110. On croyait aussi qu’on s’rait malheureux ici comme dans les autres cantonnements. Mais cette fois-ci, c’est le vrai repos, et par le temps qu’i’ dure, et par la chose qu’il est ». Pas trop d’exercices, pas trop de corvées. Au bout du banc, le vieux bonhomme au trésor. Autrefois, il aimait les femmes ; maintenant, il ne pense plus qu’à l’argent. Il repart chercher son trésor et entre dans la maison 111. Dans la chambre, une petite fille joue à la poupée très sérieusement. On regarde le temps qui passe. Nous nous sommes attachés à ce coin de pays où le hasard nous a maintenus, au milieu de nos perpétuels errements, plus longtemps et plus en paix qu’ailleurs ». Le mois de septembre. On s’est habitués, ces lieux et nous, à être ensemble et on ne pense plus réellement au départ. La 11e Division est restée un mois et demi au repos et la 375e neuf semaines. — On finirait bien la guerre ici… Barque s’attendrit et n’est pas loin de le croire — Après tout, elle finira bien un jour, quoi ! » 112 Farfadet est plus heureux que nous à cause de son idylle avec Eudoxie. Il va nous quitter il va être appelé à l’arrière, à l’Etat-major de la Brigade 113. VII. EMBARQUEMENT Une alerte nous a, dans la nuit, arrachés au sommeil et au village de Gauchin-l’Abbé et on a marché jusqu’à une gare. On est sentinelles sur le quai. Une locomotive empêche Barque de parler 114. Des rames de quarante à soixante wagons. Les convois, les bâtiments de la gare. Des voitures militaires, des camions, des files de chevaux dans des terrains vagues 115. On embarque des canons camouflés. Un cheval peint. Sur le soir, des soldats arrivent, de plus en plus nombreux. Les statistiques de Cocon C’est rien ça encore, dit Cocon, l’homme-statistique. Rien qu’à l’ État-Major du Corps d’Armée, 116 il y a trente autos d’officier, et tu sais pas, ajouta-t-il, combien i’ faudra de trains de cinquante wagons pour embarquer tout le Corps – bonhommes et camelote – sauf, bien entendu, les camions, qui rejoindront le nouveau secteur avec leurs pattes ? N’cherche pas, bec d’amour. Il en faudra quatre-vingt-dix ». Il y en a trente-neuf. Gare surpeuplée. Le soir, les lumières s’allument 117. La gare prend un aspect fantastique. Cavaliers et fantassins s’avancent. On embarque des chevaux. Des voitures sur des wagons-tombereaux. La Section des projecteurs 118. — Il y a quatre Divisions, à cette heure, au Corps d’Armée, répond Cocon. Ça change quelquefois c’est trois, des fois, c’est cinq. Pour le moment, c’est quatre. Et chacune de nos divisions, reprend l’homme-chiffre que notre escouade a la gloire de posséder, renferme trois – régiments d’infanterie ; deux – bataillons de chasseurs à pied ; – un – régiment d’infanterie territoriale – sans compter les régiments spéciaux, Artillerie, Génie, Train, etc., sans non plus compter l’ État-Major de la et les services non embrigadés, rattachés directement à la Un régiment de ligne à trois bataillons occupe quatre trains un pour l’ la Compagnie de mitrailleuses et la compagnie hors rang, et un par bataillon. Toutes les troupes n’embarqueront pas ici les embarquements s’échelonneront sur la ligne selon le lieu des cantonnements et la date des relèves ». Tulacque est fatigué parce qu’on ne leur donne pas assez à manger. — Je m’suis renseigné, reprend Cocon. Les troupes, les vraies troupes, ne s’embarqueront qu’à partir du milieu de la nuit. Elles sont encore rassemblées çà et là dans les villages à dix kilomètres à la ronde. C’est d’abord tous les services du Corps d’Armée qui partiront et les – éléments non endivisionnés, explique obligeamment Cocon, c’est-à -dire rattachés directement au ». Parmi les tu ne verras pas le Ballon, ni l’Escadrille c’est des trop gros meubles, qui naviguent par leurs seuls moyens avec leur personnel, leurs bureaux, leurs infirmeries. Le régiment de chasseurs est un autre de ces […] 119 Comme du Corps d’Armée, y a l’Artillerie de Corps, c’est-à -dire l’artillerie centrale qui est en plus de celle des divisions. Elle comprend l’ – artillerie lourde, – l’ – artillerie de tranchées, – les – parcs d’artillerie, – les auto-canons, les batteries contre-avions, est-ce que je sais ! Il y a le Génie, la Prévôté, à savoir le Service des cognes à pied et à cheval, le Service de Santé, le Service vétérinaire, un escadron du Train des équipages, un régiment territorial pour la garde et les corvées du – Quartier Général, – le Service de l’Intendance avec le Convoi administratif, qu’on écrit pour ne pas l’écrire comme le Corps d’Armée. Il y a aussi le Troupeau de Bétail, le Dépôt de Remonte, etc. ; le Service Automobile – tu parles d’une ruche de filons dont j’pourrais t’parler pendant une heure si j’voulais – le Payeur, qui dirige les Trésors et Postes, le Conseil de Guerre, les Télégraphistes, tout le Groupe électrogène. Tout ça a des directeurs, des commandants, des branches et des sous-branches, et c’est pourri de scribes, de plantons et d’ordonnances, et tout l’bazar à la voile. Tu vois d’ici au milieu d’quoi s’trouve un général commandant de Corps ! » À ce moment, nous fûmes environnés par un groupe de soldats porteurs, en plus de leur harnachement, de caisses et de paquets ficelés dans du papier, qu’ils traînaient cahin-caha et posèrent à terre en faisant ouf. — C’est les secrétaires d’État-Major. Ils font partie du – du Quartier Général – c’est-à -dire de quelque chose comme la suite du Général. Ils trimbalent, quand ils déménagent, leurs caisses d’archives, leurs tables, leurs registres et toutes les petites saletés qu’il leur faut pour leurs écritures. Tiens, tu vois, ça, c’est une machine à écrire que ces deux-là – ce vieux papa et c’petit boudin – emportent, la poignée enfilée dans un fusil. Ils sont en trois bureaux, et il y a aussi la Section du Courrier, la Chancellerie, la – Section Topographique du Corps d’Armée – qui distribue 120 les cartes aux divisions et fait des cartes et des plans, d’après les aéros, les observateurs et les prisonniers. C’est les officiers de tous les bureaux qui, sous les ordres d’un sous-chef et d’un chef – deux colons – forment l’État-Major du Mais le proprement dit, qui comprend aussi des ordonnances, des cuisiniers, des magasiniers, des ouvriers, des électriciens, des gendarmes, et les cavaliers de l’Escorte, est commandé par un commandant ». Des hommes essaient de faire monter une voiture sur un wagon. L’un d’entre eux bouscule Barque. On gêne partout 121. Les hommes commentent ces événements. On se tait et alors on entend Cocon qui dit — Pour voir passer toute l’armée française qui tient les lignes – je ne parle pas de c’qui est installé en arrière, où il y a deux fois plus d’hommes encore, et des services comme des ambulances qu’ont coûté 9 millions et qui vous évacuent des 7000 malades par jour – pour la voir passer dans des trains de soixante wagons qui se suivraient sans arrêt à un quart d’heure d’intervalle, il faudrait quarante jours et quarante nuits ». Les hommes se désintéressent de ces chiffres et suivent d’un œil larmoyant le train blindé qui passe 122. VIII. LA PERMISSION Eudore rentre de permission. Il rencontre un tringlot soldat du train puis quatre hommes qui reviennent de la corvée de vin 123. Ils lui demandent s’il a vu sa femme Mariette. Oui, mais une seule fois. Eudore raconte son histoire. Ils tiennent un estaminet dans une des quatre maisons de Villiers-l’Abbé. En vue de sa permission, Mariette avait demandé un laissez-passer, bien à l’avance, pour Mont-Saint-Eloi où habitent les parents d’Eudore. Mais la permission est arrivée plus tôt que prévue si bien qu’elle n’avait pas reçu le papier. Eudore a attendu chez ses parents et à la fin du sixième et dernier jour, il a reçu une lettre de Mariette, par l’intermédiaire du fils de Florence, pour le prévenir qu’elle n’avait pas encore le laissez-passer. Il a finalement décidé d’aller à Villiers-l’Abbé 124. Après une visite au maire, il s’est mis en route 125 d’abord en train puis à pied, sous la pluie qui tombait sans discontinuer depuis six jours. Il arrive à la station avec quatre autres permissionnaires. Ils passent devant la ferme des Alleux qui est la première maison. Détruite 126 comme la deuxième. Ils arrivent à celle d’Eudore et Mariette, la troisième. Eudore retrouve sa femme et il dit à ses camarades de rentrer. Ils ne pourront aller de nuit jusqu’à Vauvelles. Eudore propose alors de les accompagner jusqu’à la dernière maison, la ferme du Pendu 127. Mais un sous-officier de garde leur dit que la ferme est devenue un poste de police et qu’ils ont des prisonniers allemands. Ils doivent repartir. Eudore revient donc chez lui avec les permissionnaires. Ils voudraient bien dormir dans la cave mais elle est inondée et il n’y a pas de grenier. Ils s’apprêtent à partir 128. Il est neuf heures du soir. Eudore et Mariette les empêchent de s’en aller. Ils sont restés comme ça toute la nuit. Au matin 129, les premiers clients arrivent à l’estaminet pour boire un café. Mariette s’affaire à le préparer. Les permissionnaires dont un gros Macédonien viennent remercier Mariette et s’excuser du dérangement 130. Ils veulent payer le café mais Mariette leur offre. Ils s’en vont mais déjà un autre client arrive. Mariette a préparé un paquet pour Eudore un jambonneau, un litre de vin et du pain. — Pauv’ Mariette, soupire Eudore. Y avait quinze mois que je ne l’avais vue. Et quand est-ce que je la reverrai ! Et est-ce que je la reverrai ? » Eudore va partager ce colis avec ses camarades de l’escouade 131. IX. LA GRANDE COLÈRE Volpatte rentre de deux mois de convalescence, renfrogné. Ses camarades lui demandent de parler. Il ne veut rien dire. Après une mâtinée de terrassement, on se retrouve pour 132 le repas dans un boyau d’arrière. Pluie torrentielle. On mange debout. Barque et Blaire interrogent Volpatte qui finit par dire ce qu’il a sur le cœur il y a trop d’embusqués à l’arrière 133. Barque lui conseille de ne pas se soucier d’eux. Volpatte gronde — J’suis pas maboul tout à fait, et j’sais bien qu’des mecs de l’arrière, l’en faut. Qu’on aye besoin d’traîne-pattes, j’veux bien… Mais y en a trop, et ces trop-là , c’est toujours les mêmes, et pas les bons, voilà ! » Volpatte commence à expliquer. Tous les planqués bien au chaud qu’il a vus dans le premier patelin où on l’a envoyé et qui diront ensuite qu’ils ont été à la guerre Ah ! mon vieux, ruminait notre camarade, tous ces mecs qui baguenaudent et qui papelardent là -dedans, astiqués, avec des kébrocs et des paletots d’officiers, des bottines – qui marquent mal, quoi – et qui mangent du fin, s’mettent, quand ça veut, un cintième de casse-pattes dans l’cornet, s’lavent plutôt deux fois qu’une, vont à la messe, n’défument pas et l’soir s’empaillent dans la plume en lisant sur le journal. Et ça dira, après J’suis t’été à la guerre. » Une chose a frappé Volpatte ces planqués-là s’installent à leur aise chez les gens au lieu de manger sur le pouce comme les soldats 134. Tant mieux pour eux », dit le voisin de Volpatte qui n’est pas content de cette remarque. Le voisin lui dit qu’il voudrait bien être à leur place. — Pour sûr, mais qu’est-ce que ça prouve, face de fesse ? D’abord, nous, on a été au danger et ce s’rait bien not’ tour. C’est toujours les mêmes, que j’te dis, et pis, pa’ce qu’y a là -d’dans des jeunes qu’est fort comme un bœuf, et balancé comme un lutteur, et pis pa’c’qu’y en a trop. Tu vois, c’est toujours trop » que j’dis, parce que c’est ça ». Le voisin cherche à provoquer Volpatte il faut bien que quelqu’un fasse marcher les affaires 135. Le temps se calme. Volpatte parle d’un gars qu’il a rencontré dans un hôpital d’évacuation et qui l’a guidé dans le dépôt pour lui montrer tout ce qui se passait. Mais lui n’est pas retourné aux tranchées comme Volpatte. L’lendemain, i’ s’était fait coller ordonnance, pour couper à un départ, vu qu’c’était son tour de partir depuis l’commencement d’la guerre ». Sur le pas de sa porte où il dormait dans un lit, il passait son temps à cirer les chaussures de son chef. Jamais, mon vieux, i’ n’avait été envoyé sur le front, quoique de la classe 3 et un costaud bougre, tu sais. L’danger, la fatigue, la mocherie de la guerre, c’était pas pour lui, pour les autres, oui. I’ savait que si i’ mettait l’pied sur la ligne de feu, la ligne prendrait toute la bête, aussi i’ coulait de toutes les pattes pour rester sur place. On 136 avait essayé de tous les moyens pour le posséder, mais c’était pas vrai, il avait glissé des pinces de tous les capitaines, de tous les colonels, de tous les majors, qui s’étaient pourtant bougrement foutus en colère contre lui. I’ m’racontait ça. Comment qu’i’ f’sait ? I’ s’laissait tomber assis. I’ prenait un air con. I’ faisait l’saucisson. I’ d’venait comme un paquet de linge sale. J’ai comme une espèce de fatigue générale », qu’i’ chialait. On savait pas comment l’prendre et, au bout d’un temps, on le laissait tomber, i’ s’faisait vomir par tout un chacun. V’là . I’ changeait sa manière aussi suivant les circonstances, tu saisis ? Qué’qu’fois, l’pied y faisait mal, dont i’ savait salement bien s’servir. Et pis, i’ s’arrangeait, l’était au courant des binaises, savait toutes les occases. Tu parles d’un mecton qui connaissait les heures des trains ! Tu l’voyais s’rentrer en s’glissant en douce dans un groupe du dépôt où c’était l’filon, et y rester, toujours en douce poil-poil, et même, i’ s’donnait beaucoup d’mal pour que les copains ayent besoin de lui. I’ s’levait à des trois heures du matin pour faire le jus, allait chercher de l’eau pendant que les autres bouffaient ; enfin quoi, partout où i’ s’était faufilé, il arrivait à être d’la famille, c’pauv’ type, c’te charogne ! Il en mettait pour ne pas en mettre. I’ m’faisait l’effet d’un mec qu’aurait gagné honnêtement cent balles avec le travail et l’emmerdement qu’il apporte à fabriquer un faux billet de cinquante. Mais voilà I’ raboulera sa peau, çui-là . Au front, i’ s’rait emporté dans l’mouvement, mais pas si bête ! I’ s’fout d’ceux qui prennent la bourre sur la terre, et i’ s’foutra d’eux plus encore quand i’s seront d’ssous. Quand i’s auront fini tous de s’battre, i’ r’viendra chez lui. I’ dira à ses amis et connaissances Me v’là sain t’et sauf », et ses copains s’ront contents, parce que c’est un bon type, avec des magnes gentilles, tout saligaud qu’il est, et – c’est bête comme tout – mais c’t’enfant d’vermine-là , tu l’gobes ». Il y en a beaucoup comme lui dans chaque dépôt, ajoute Volpatte 137. C’est pas nouveau, ajoute Barque. Mais Volpatte n’en revient pas d’avoir vu autant de gens dans les bureaux. — Y a les bureaux ! ajouta Volpatte, lancé dans son récit de voyage. Y en a des maisons entières, des rues, des quartiers. J’ai vu que mon tout petit coin de l’arrière, un point, et j’en ai plein la vue. Non, j’n’aurais pas cru qu’pendant la guerre y avait tant d’hommes sur des chaises … » La pluie s’arrête. On se met en marche. On entend encore le bruit de Volpatte dans le bruit des pas. Il en veut maintenant aux gendarmes. Plus on s’éloigne du front, plus on en voit. Tulacque lui aussi a une rancune contre eux. Ils embêtent les gars qui essaient de se débrouiller. Un gars essaie de les défendre 138 mais Tulacque et Volpatte insistent. Volpatte précise que certains gendarmes pestent contre les règlements qui changent sans arrêt T’nez, le service prévôtal ; eh bien, vous apprenez c’qui fait le principal chapitre de la chose, après c’n’est plus ça. Ah ! quand cette guerre s’ra-t-elle finie ? » qu’i’ disait. — I’s font ce qu’on leur dit de faire, ces gens, hasarda Eudore. — Bien sûr. C’est pas d’leur faute, en somme. N’empêche que ces soldats de profession, pensionnés, médaillés – alors que nous, on est qu’des civils – auront eu une drôle de façon de faire la guerre ». Volpatte évoque un forestier qui se plaignait du traitement que leur réservaient les civils alors qu’ils avaient fait quatre ans de service Dans les on nous fait nettoyer, et enlever les ordures. Les civils voient c’traitement qu’on nous inflige et nous dédaignent. Et si tu as l’air de rouspéter, c’est tout juste si on n’parle pas de t’envoyer aux tranchées, comme les fantassins ! Qu’est-ce que devient notre prestige ! Quand nous serons de retour dans les communes, comme gardes, après la guerre – si on en revient, de la guerre – les gens, dans les communes et les forêts, diront Ah ! c’est vous que vous décrottiez les rues à X… ? » 139 Lamuse a vu un gendarme qui était juste mais qui a reconnu que certains abusaient de leur pouvoir. Un jour, Paradis a pris un gendarme pour un sous-lieutenant. Un peu plus tard, alors qu’ils sont assis le long d’un mur, Volpatte continue son déballage. Il était dans le bureau de la comptabilité au Dépôt. Il avait fait une demande pour être reversé dans son régiment. Il tombe sur un sergent 140 en train d’engueuler un scribe pour des histoires de procédure. Il attend la fin de l’engueulade et le sergent lui dit qu’il n’a pas de temps. Il est dans tous ses états à cause de sa machine à écrire. Puis il s’en prend à quelqu’un d’autre pour une histoire de bordereau de cartes. A coté, un autre s’occupe des circulaires. D’autres causent. Au bout de la grande table un homme 141 chargé des permissions se retrouve sans rien à faire depuis que la grande attaque a commencé et que les permissions ont été suspendues. Il y a encore beaucoup d’autres tables dans d’autres salles. Tulacque évoque le cas d’un chauffeur bien habillé et galonné appuyé sur une voiture. Tout le monde a son couplet sur les filoneurs ». Les exemples … planton au Service Routier, pis à la Manute, pis cycliste au ravitaillement du XIe Groupe, porteur de pli au Service de l’Intendance, au Canevas du Tir, à l’Équipage des Ponts, et le soir à l’ et à l’ ordonnance que les femmes 142 prenaient pour des soldats, un autre qui a fait une tournée d’conférences en Amérique avec mission du ministre. .